Art moderne : une nouvelle définition


By M., London

En parcourant les articles ce matin décrivant de nouveaux projets artistiques ou ceux en cours dans les pays européens, je me suis dit que la perche m'était tendue pour vous faire part de ce que j'appelle, avec toute la finesse que vous allez reconnaître en moi, "la masturbation d'esprit". Que ce soit en Italie, en France ou en Angleterre, il semble que le maître mot soit "originalité" poussée à un tel extrême que ce nouvel idéal en oublie les valeurs essentielles au domaine artistique à mon goût, soit l'esthétisme, laisser libre cours à l'imagination du spectateur (avez-vous remarqué que toute oeuvre d'art moderne est aujourd'hui accompagnée d'une notice explicative dont la teneur se veut généralement philosophique ou environnementaliste et que l'on peut facilement comparer à toute conversation de comptoir de café ?) et marqué d'un talent unique ou profond.

Mon parc préféré dans le Central London, Kensington Gardens, est en ce moment envahi de larges sculptures (cela m'a fait mal d'écrire ce terme...) en acier inoxydable de forme arrondie censées refléter les couleurs de la nature, la faune du parc et les chers visiteurs en y ajoutant une illusion optique où tout est représenté à l'envers. Cet artiste malheureusement réputé (notre monde actuel est devenu si peu exigeant en matière de bon goût et de réelles recherches intellectuelles) n'est autre qu'Anish Kapoor, reconnu pour son art contemporain dans le monde entier. Le titre de cette exposition qui lui a valu, j'imagine, de nombreuses nuits sans sommeil car il fallait y penser : Turning the World Upside Down. Il faut tout de même avouer que tous les jours, ma tête se retrouve à l'envers lorsque je vois des masses de gens se regarder dans cet acier inoxydable version XXL alors qu'à 2 pas, vous avez le Kensington Palace, charmante maison riche en histoire construite à la fin du XVIIe s.

Toujours à Londres, dans le quartier de Mayfair, le sculpteur italien Lorenzo Quinn va évoquer l'enfance grâce à une énorme main d'enfant tenant la première voiture du sculpteur, une Fiat. Notice explicative : "Nous sommes au fond tous des enfants et il est important de ne jamais oublier l'enfant qui est en vous". Curieusement je préférerais l'oublier si je dois me représenter l'enfance ainsi ! Je vous laisse deviner le titre de l'oeuvre qui fait référence aux voitures quand nous étions tous des enfants et qui a dû l'amener à réfléchir pendant des heures : "Vroom Vroom"...

Mais Paris n'est pas en reste. Cette magnifique capitale, un vrai musée à ciel ouvert, vient d'ouvrir ses portes à un autre "artiste réputé", Takashi Murikami. Celui-ci est spécialisé dans le style manga et a quand même au fond de lui des restes de bon goût puisqu'il a décidé de mettre en valeur ses créations colorées et "manganesques" dans un lieu également riche en histoire et en élégance, le Château de Versailles. Si vous visitez en ce moment la demeure créée par Louis XIV, vous aurez la malchance de découvrir dans les salles du Roi Soleil des personnages manga censés interpréter l'histoire du Palais à travers les yeux des Japonais. Ah, là aussi, il fallait trouver une explication qui va chercher loin... Toutefois, il semble qu'un descendant de Louis XIV vient de frapper du poing sur la table et demander l'arrêt de cette exposition qui dénature le lieu et son histoire.

En Italie à Milan, l'artiste controversé Maurizio Cattelan a installé devant la Bourse sa sculpture au message provocateur : une main fermée dont seul le majeur semble défier le monde. Titre de l'oeuvre : L.O.V.E, pas si évident au premier abord (ce n'est pas de cette manière que nous nous représentons l'amour généralement). Il a été suggéré de par son emplacement que le message était anti-capitaliste - très fin en pleine période de crise -, mais l'auteur a nié cette vision. Le plus étonnant pour moi n'est pas que cet auteur tente de surfer sur une vague qui semble fonctionner pour se faire connaître, mais que cela marche amenant la mairie à se demander comment elle allait financer l'installation permanente de cette sculpture. Je suis sans voix finalement...

L'Art moderne a donc une qualité tout de même extraordinaire, celle de me déconcerter jusqu'à me faire taire !

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