Plumes froissées


Le festival de Cannes a fermé ses portes, la Croisette redevient celle de toujours et le plateau de Canal+ rejoint ses pénates... Alors que tout rentre dans l'ordre dans les hautes sphères de l'actualité cinématographique, je redescends sur terre et ressors ma liste de films à présenter au rattrapage. Cette semaine, c'est Black Swan qui décroche la palme.

C'est une palme toute relative en réalité, mais cela est presque entièrement ma faute : à sa sortie, j'ai (comme souvent) royalement ignoré le tintamarre qui lui a été réservé, voulant déguster le long-métrage à ma guise et sans être "sous influence". J'ai été servie. Par un vendredi soir de solitude, j'ai eu l'idée de me lancer dans ce que je pensais être une histoire de danseurs, dans le monde de la danse. Vous imaginez ma tête quand, dès les premières scènes dangereusement tourbillonnantes, j'ai senti une tension, un malaise, monter. L'entrée en matière est une réussite car le spectateur comprend d'emblée que le mal fermente sous les blanches plumes du cygne principal en attendant son heure. Au lieu du film-documentaire tant attendu, j'ai donc regardé l'estomac noué et l'esprit agité un thriller / drame psychologique sur fond de schizophrénie et manichéisme trouble. Le cygne blanc, tout le monde peut l'interpréter... mais le noir ? Pouvons-nous le laisser remonter à la source du fleuve et prendre le dessus ? Devons-nous le laisser nous conduire en échange de gloire et réussite dans ce qui est le pacte suprême avec le Malin ? Dans son genre, ce film est une réussite totale. Tendu, noir, inquiétant, il devient en revanche prévisible une fois la mécanique des doubles jeux et des incertitudes installée, et c'est bien dommage. Pour tout vous avouer, je ne comprends pas l'Oscar décerné à la très belle Natalie Portman, fragile et forte à la fois, parfaitement ambivalente. Je me dis que si l'interprétation est certainement réussie, c'est surtout son incroyable travail autour de la danse classique qui a été récompensé. Quant au réalisme du monde de la danse, autant le laisser au placard - il ne risque pas de montrer le bout de son bec.

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