Les sabots


Je remonte furieusement la pente, celle-là même avec laquelle je me bats déjà en temps normal, alors que par je ne sais quelle pérenne coïncidence, je suis toujours chargée ; sauf que là, c'est pire, forcément, entre l'écrasant épuisement des nuits blanches et le poids de la petite dernière en portage, en plus de la poussette et sa "grande" occupante. Bref, je peste contre cette fichue montée.

C'est là qu'un son vient à mon secours : il remonte lui aussi sa propre pente, celle du temps et de la mémoire qui me téléporte chez ma grand-mère, lorsqu'assise à table ou au cours de la sieste, je tendais mon oreille affûtée pour percevoir de loin le bruit sec et rassurant des sabots de quelque équidé encore utilisé à l'époque pour le trait.

Quelle satisfaction de croiser ces deux selles français, immenses, sur "ma" colline et d'échanger deux mots avec leurs cavaliers en uniforme. Il y a quelque chose d'incroyablement rassurant lorsqu'un écho du passé arrive encore à se frayer un chemin entre les immeubles et les rues bétonnées, vous ne trouvez pas ? Incroyable aussi à quel point la présence d'un animal semble anéantir les barrières, ouvrir les vannes du dialogue et faciliter l'esquisse d'un sourire.

Celui-ci reste d'ailleurs gravé sur mon visage pendant le reste de l'escalade, jusqu'à mon domicile...




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